La désinstitutionnalisation de la citoyenneté...

Publié le par Julien GOUPIL

La désinstitutionnalisation de la citoyenneté...

Extraordinaire conquête dans un XVIIIe siècle monarchique, la notion de citoyenneté est utilisée en toute circonstance. Jugé passéiste il y a vingt ans, elle est aujourd'hui comme un nouveau talisman que l'on brandit pour appuyer toute revendication.

De statut, le mot citoyen est devenu qualificatif, à tel point que répondre simplement à une question aussi simple que « qu'est-ce que la citoyenneté » devient un exercice difficile.

Le mot "citoyenneté" a un sens trop souvent perdu ou ignoré.

La citoyenneté est donc victime d’une crise de sens… mais ce n’est pas tout ! Elle subit également une crise de pratique.

Chaque semaine apporte son lot de témoignages sociétaux qui incarnent le désintérêt pour la vie politique, l’abstention aux élections, la défiance à l’égard des élus, la baisse du bénévolat régulier, la hausse des incivilités, la baisse de l’engagement local politique, le renforcement des clivages sociaux, le repli sur soi, la radicalisation, la ghettoïsation, la méfiance, le communautarisme, l’égoïsme…

La citoyenneté perd de son essence et surtout de sa splendeur. On assiste en direct à une désinstitutionnalisation de la citoyenneté.

La citoyenneté ? Le citoyen ne s’y intéresse plus, il n’y croit plus, il rejette son devoir de citoyen en signe de protestation, de déception, de crispation, d’indifférence ou encore pire d’une atterrante ignorance.

Les citoyens sont résignés, égarés, ils se sentant impuissants, ils se désinvestissent de la vie de la cité….

Le citoyen traverse, ou devrais-je dire nous citoyens traversons, une crise de confiance profonde : en notre système, en nos institutions, en nos représentants…en notre propre capacité à agir pour notre cité.

Alors à chacun sa cause… quand certains évoquent une responsabilité systémique : l’inaptitude criante des institutions à répondre aux besoins de notre société en mutation, l’incompétence des politiques, la manipulation médiatique, l’exaspérant libéralisme, l’affligeante oligarchie, l’apprentissage désuet… ; d’autres rappels des imputabilités plus personnelles : exacerbation de l’individualisme, hégémonie du dépassement de soi, quête de l’épanouissement personnel…

Redonner confiance, réenchanter, former les citoyens et construire une citoyenneté active, telles sont les missions que les personnes de progrès auront la charge de construire dans cette décennie et les suivantes.

Dans un prochain papier nous reviendrons sur la petite histoire de la citoyenneté.

Publié dans citoyenneté

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